Page 1 sur 8 36. SEQUENCE EXT.JOUR : PAYSAGE PRINTANIER. Le village du Monal est sous les pluies de printemps. La neige fond par plaques entières.
37. SEQUENCE INT.JOUR : DANS L'AUBERGE CHEZ COMPONDU. LA DETERMINATION DE FERNAND. FERNAND, MARIE, AUGUSTIN, COMPONDU, D'AUTRES. La salle de l'auberge Compondu est pleine. Les gros souliers les sabots-bottes traînent sur le parquet de sapin. Il pleuvine derrière les vitres embuées. La TSF essaye de couvrir le brouhaha, sous les tables des flaques de boue rampent en éteignant des mégots écrasés. Augustin est attablé avec quatre autres, il abat ses cartes sur le tapis, cognant du poing à chaque coup, entre les verres pleins de vin rouge. Compondu est au bar à surveiller tout son monde. Beaucoup d'ouvriers sont revenus. Des ingénieurs dans un coin terminent leur repas et lisent le journal. Marie ramasse un couvert et passe à la cuisine. Sidonie est toujours en train de gueuler. SIDONIE Qui c'est qui m'a fait un trou de cigarette sur la toile cirée du buffet? 38. SEQUENCE INT.JOUR:DANS LA CUISINE DE L'AUBERGE. MARIE ET FERNAND SE PARLENT. Marie est à la cuisine, elle prépare de quoi souper pour ceux qui reste le midi. Fernand est là aussi à tourner autour. MARIE(soudain inquiète) Fernand! Tu as vu qu'ils t'ont entouré au Plannay. FERNAND Et après, Marie? Qu'est-ce que tu veux qu'ils fassent? Ils seront bien obligés de passer ailleurs à la fin, puisque je ne veux pas leur vendre. MARIE Mais Fernand... FERNAND Y'a pas de mais. Il y a les clameurs de la salle qui leur parvient. 39. SEQUENCE suite DE 37 INT.JOUR: SALLE D'AUBERGE SUITE. C'est au moment où, un homme mouillé de pluie, vient d'entrer et annonce une nouvelle. BOISSINOT Il est arrivé des choses... Les faisans d'élevage! Le joueurs autour d'Augustin lèvent la tête. UN DES JOUEURS Ben quoi? Tu peux causer! Bon Dieu! On est que des amis dans la cambuse. AUTRE JOUEUR Patron! Un litre encore! avec deux verres. Assis-toi Boissinot. BOISSINOT On a volé des faisans en volières. Une douzaine de poule et moitié autant de coqs. Les poules n'étaient point trop vaillantes mais les coqs! vingt dieux, des belles bêtes. Demande voir à Compondu, y doit savoir lui. Compondu arrive avec les verres. Le gros homme écarte les bras, en pressant son coeur de ses deux mains. COMPONDU Moi! et pourquoi moi! AUGUSTIN(en lui tapant sur le ventre) Ah! vieil ficelle! T'as encore traficoté. 40. SEQUENCE suite SUITE DE 38 INT.JOUR : SUITE DANS LA CUISINE MARIE FERNAND. Marie pousse un peu la porte de la cuisine, pour mieux s'entendre avec Fernand. MARIE Il y a Trésallet qui est furieux et qui dit partout que tu es contre le pays. Il y a en plus les affiches qu'ils ont mises partout à la mairie. FERNAND Et bien ces affiches? MARIE C'est marqué "Le préfet du Département des Grandes Alpes, officier de la légion d'honneur et ensuite des masses de "ARRêTÉ" FERNAND "Arrêté" quoi? C'est à eux d'arrêter. MARIE(inquiète) Fernand, dis-voir. Tu as bien reçu les papiers de la poste? Des avis recommandés? FERNAND Ben je crois que oui, le facteur s'est bien appliqué à me faire signer son cahier. MARIE Alors qu'est-ce que tu en as fait? FERNAND Je crois que j'ai allumé mon feu avec. Pourquoi? Ecoute, Marie! toutes leurs manigances, je m'assieds dessus. Personne, m'entends-tu, personne ne peut me chasser d'ici. Le Plannay c'est mon bien, mon gagne pain, aussi. C'est les vieux qui l'ont construit, le père y a travaillé tant et plus, qu'on trouve encore sa main partout. Et ma mère, c'est là qu'elle est morte... Alors, si le Plannay c'est pas chez moi, je vais te dire, c'est que leur république! ce n'est pas vrai. Leur liberté, ils nous bourrent le mou avec... Tiens! un rat, un blaireau, un renard, ils sont plus libres que nous! MARIE Te fâche pas. Une clameur monte plus forte que les autres. Marie passe la tête pour voir ce qui se passe. 41. SEQUENCE suite 37 INT.JOUR : DANS LA SALLE D'AUBERGE SUITE AUGUSTIN LES JOUEURS, D'AUTRES, COMPONDUS... Elle voit Augustin qui vitupère. AUGUSTIN Ah! Gauvin le menteur! Il a dit que c'était moi! Il tue ma chienne et y'm' sali! Ah le puant! Ah! j'ai volé des faisans en volière? Ah! je suis un voleur? Est-ce qu'il est du pays seulement Gauvin? Est-ce qu'il viendrait répéter ça ici... Laissez-moi vous autre... J'va le chercher j'vous dis! Je veux passer. Et les autres le retiennent. COMPONDU Tais-toi, mon gars! Par bonne amitié, Augustin... Par respect pour ma maison... Mais t'es pas fou? Tais-toi donc. Les autres le calment aussi pour reprendre la partie. Dans la salle comble on se lève pour voir, des visages se tendent par-dessus les épaules. Un, qui lit le journal local, regarde au-dessus. S'il avait été attentif à sa lecture plutôt qu'aux agitations d'Augustin, il aurait pu lire, sur une demie-page encadrée d'un triple trait, un texte qui patauge dans une phraséologie officielle. Le titre qui s'étalait en caractères gras était classé sous la rubrique : CONSTITUTION DE SOCIETE, puis suivait une masse de VU la loi de... et celle du... Vu le Décret, Vu l'Arrêté, l'Article, la Modification, la Délibération, la Décision, la Requête, l'Autorisation..." etc, Vu un nombre incroyable de choses et encore d'actes, de signatures, d'enregistrements, d'objets, de sièges sociaux, d'apports, de capitaux, d'exercices, de gérances, Vu tout cela, le lecteur aurait compris que la commune se constituait en société d'économie mixte pour l'exploitation à des fins commerciales d'une ligne de chemin de fer à crémaillère reliant Bourg Saint Maurice, actuelle terminus du chemin de fer Français, à Aoste en Italie.
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